jeudi 27 mars 2008

Droit de réponse

Depuis quelques jours, mon cerveau mijote, cocotte en fonte, ébullition et ce qui doit arriver, arrive : débordements...
Plusieurs raisons à ce ras le bol, dont certaines sont bien anciennes et bien ancrées dans le plus profond de ma rancune tenace !
Plantons le décor : dans 5 jours je vais commencer un boulot à la résidence grandiose que tout le monde connaît… et depuis que la nouvelle se répand mes oreilles résonnent de petites phrases assez révélatrices : « ah, tu as trouvé, bon ça va, tu as pas mis trop longtemps, et qu’est-ce que tu vas faire exactement, va falloir y aller maintenant, tu vas prendre un rythme, c’est bientôt, il faut se roder, tu vas voir, il faudra te lever tôt, tu vas avoir un patron, tu vas travailler en équipe, il va falloir que le Mattheus change ses habitudes, tu vas pas pouvoir continuer de tout faire pour que ton appart’ soit Bree-iesque, c’est fini tout cela, le mattheus va devoir faire à manger, le ménage, s'assumer, quels sont tes horaires ? tu y vas en vélo ? et s’il pleut tu prends le bus ? à quelle heure tu prends mardi ? mais tu vas voir ça va te changer, c’est fini les vacances … »
J'en oublie sûrement, mais munie de ce panel, j'ai décidé de répondre à toutes ces personnes dont certaines se disent de mes amis, d’autres faisant partie de ma famille et je ne peux les renier.
A tous ceux qui pensent que je n'ai jamais rien fait d’autre que rester assise sur mon steack devant un clavier, sachez que j'ai bossé (sans négliger mes études) à 18 ans et 3 mois dans un journal local, quelque peu pistonnée par un membre de ma famille haut-placé dans le-dit canard, ce qui causera ma perte! Premier jour, explication du topo par une femme charmante qui ne m'adressera ensuite plus jamais la parole, d’ailleurs, je serais devenue transparente, inexistante, insignifiante : jamais à la pause café invitée, bannie pour toujours je resterai, ayant le tort de porter le même nom de famille que le grand-chef de l’atelier. Pourtant fidèle au poste je serai les week end, les vacances et l’été sans jamais démériter, trahir l’équipe ou cracher dessus, restant toujours dans mon coin, subissant même les compliments/avances d'un pauvre lourd-dingue (plutôt malsain). De cette expérience, je retiendrai que le monde du travail n’a rien à envier à l’école maternelle, où tous les enfants sont méchants et se liguent contre le petit mouton noir aux dents de travers… je noterai aussi que les femmes sont des teignes et qu’un trois-pièces cuisine suffit à les calmer et même à les dompter… j'entends les féministes hurler, bah non, j'enfonce le clou en affirmant que depuis j'ai une préférence pour les ambiances masculines. Et surtout, j'ai décidé que le monde du travail m'attendrait un peu …
Par la suite, je trouverai mon intérêt dans ce boulot, financier d’abord en gâtant mon Mattheus, mais aussi par sa proximité avec la tanière de ce dernier, ce qui me permettait de courir à la pause l'embrasser : à quelque chose malheur est bon, être un vilain petit canard noir permet des incartades savoureuses … oui, oui.
Plusieurs membres de mon entourage essaient de me mettre en garde et de me préparer à un choc psychologique, le plus dur, selon eux, sera de me lever le matin : je tiens à les rassurer (et, également, les remercier de leur sollicitude) : cela fait longtemps que je me lève comme le Mattheus (qui bosse lui, on sait !), des années sans grasses matinées (ou alors exceptionnelles, le WE!). Ok, j'avoue avoir craqué de temps à autre pour une sieste éclair, mais parce que je n'avais pas bien dormi les nuits précédentes (je dis bien LES nuits !).
Parce qu’une thèse ça s’écrit dans un lit peut être ? et les recherches ça se fait depuis le fond de la couette ? nan, mais je vous le demande un peu, ils croient quoi ? Que mes 1400 pages se sont écrites toutes seules ? Savent-ils quelle pression cela représente de penser tout le temps à son sujet ? Parce que les vacances c’est bien joli mais mon esprit n’en a pas eu depuis l’été 2001 ! Alors, allez-y mes jolis ! Pendant 7 ans partez en vacances avec vos bagages plein de livres, révisions, recherches, organisations, plan, pages à relire, à vous demander si vous allez voir le bout de ce tunnel ?
Pour tous ceux qui pourraient penser qu’une thèse est une sinécure, je leur dit d’essayer, juste essayer et on en reparlera. Les 35 heures, les 39, les 40 ? Connais pas … une thèse c’est le matin, le soir, le midi, au goûter, au resto, en vacances, à la plage, durant les insomnies, en train de nager, aux courses, avec les copains … une thèse c’est une obsession, vous dormez avec, vous allez pisser, crotter, chercher le pain avec, ça ne vous lâche pas : jamais ! C'est un mariage en CDD peut être ? Encore que je me pose la question depuis quelques jours ...
Pour ce qui est du patron, je n’en ai pas eu, c’est pas faute de l’avoir secoué, et je pose la question : c’est pas stressant de tout décider seule quand vous n’avez aucun appui, aucune stratégie, aucun rempart, aucune directive … réfléchissez bien ?! Se mettre la pression seule c’est hyper sympa ! Cela forge le caractère c’est tout, car il faut bien en retirer du positif.
A ceux qui pensent que j'abuse de la société et qui estiment que je vis grâce à leurs impôts (tout en me demandant perfidement si j'ai demandé le RMI?!), et donc leur travail, qu’ils se réjouissent, j'accompagnerai leur retraite en bossant jusqu’à 75 ans, quand ils seront au soleil à siroter un petit jus, le cul dans leur transat, sous l'auvent de leur camping-car, près de la Méditerranée ! Mais je m'emporte et on va bientôt me jeter des pierres, me dire que je me prends pour je ne sais qui … oh, allez juste une vacherie/vérité pour la route : parce qu’ils croient vraiment qu’ils l’auront leur retraite si durement gagnée ??? hahahaha …
En attendant, qu’ils comprennent bien que j'ai abusé de mon mari pendant 2 ans et demi et que c’est notre couple que ça regarde, POINT !
Et à ceux qui seraient un petit peu jaloux, (j'en soupçonne quelques-uns) rien ne les empêche de reprendre leurs études, j'en connais qui le font (oui, je suis fière de toi, moi!) ou vont le faire, y’a pas d’âge pour ça ! ENJOY !
Ma thèse c’était mon choix, j'ai respecté le vôtre d’aller bosser, respectez le mien d’en avoir bavé … en silence, ou presque, par pitié pour vos oreilles, souvent bouchées ...

1 commentaire:

o2 a dit…

Voilà qui est bien dit !

Rock the kasbah !
Bisous,
o2