Docteur en histoire ... finalement !

Qu’on vous pardonne ici, mais vous allez mentionner aujourd’hui une personne chère et dont vous ne parlez jamais ou peu dans ce blog … Alors autant vous prévenir ça va peut être pas être la fête du slip à toutes les lignes !
Trois semaines d’absence, ça commençait à faire …
Certes, vous avez l’excuse que tout le monde ressort en ce moment : Noël et le nouvel An vous ont laissée sur le carreau. Même pas vrai, vous votre excuse c’est une thèse de 4 volumes, 1392 pages de texte, 300 et quelques d’annexes, 4732 notes de bas de page et surtout, une soutenance de thèse la moins préparée de toutes les soutenances de l’Histoire : merci Mauviette !
Heureusement, votre organisation, votre acharnement, mais surtout votre soutien Toinesque vous permettent d’être prête la veille … ouais, ouais, la veille !! Donc, le jour J c’est quasiment du sans-filet, franchement il n’y a pas que les trapézistes qui en ont dans le justaucorps !!!
Enfin, c’est arrivé, après des années de labeur entrecoupées des larges vacances que vous vous accordez régulièrement comme thésarde (en vacances perpétuelles, l’esprit au repos, c’est bien connu de tous les doctorants : ils font une thèse pour jouir de VI (vacances indéterminées) durant quelques années!) et femme d’un roi de la pose du RTT, vous avez soutenu, et à présent, vous l’avez votre titre de docteur, gagné à la force de vos petits doigts s’agitant sur un clavier de PC!

YES ! call me Doc’ !!!!

Un peu chagrine, vous pensez que ce succès est arrivé un poil trop tard pour être pleinement savouré, il vous manque votre vieux, même si vous le savez : il aurait été fier de vous. Sa bibliothèque aurait accueilli un exemplaire de votre travail qui aurait cotoyé les guides de chasse, pêche, Afrique, bois et animaux. Et puis, pour lui, qui avait encore de la boue de la Groutière aux semelles, quelle victoire !
Cela vous fait plaisir de vous dire que cette thèse va, oh ! très légèrement c’est vrai, modifier les statistiques sur la réussite des enfants d’ouvriers … sachant qu’en doctorat en 2005, 38,6 % des étudiants avaient des parents cadres supé­rieurs et 4,5 % des parents ouvriers. Comme vous les chérissez ces enfants (de près de 30 ans) et comme vous les admirez !
Il vous plaît à penser que derrière eux il y a sûrement des parents attentifs, les poussant, les admirant sans les vénérer, les finançant au prix de sacrifices (de temps, mais aussi d’argent), tout cela signifie des bourses et du mérite !
Oui, du mérite, car les bourses en doctorat sont accordées au mérite et non suivant les critères sociaux ! A ce niveau d’études existerait-il un semblant d'égalité sociale ?! Mais avant combien d'entre-eux ont laissé tomber ? Ou n'ont même pas tenté l'entrée en fac à cause des préjugés ou plus évidemment par manque de pognon ?
Derrière ces 4,5% se cachent une grande volonté et du travail, oui du travail, acharné souvent et surtout, surtout, une motivation sans faille, pour réussir dans ce qui plaît !
Vous avouez qu’à vos yeux ces enfants, un peu handicapés de naissance au fond, bénéficieront toujours d'un petit plus par rapport aux autres, qui pourtant galèrent eux-aussi bien souvent.
Mais en même temps, il faut rétablir la vérité, votre vieux n’était pas un ouvrier, mais CE, c'est-à-dire Chef d'Entreprise, hahaha ! Vieille blague familiale ... mais nan, chef d'équipe … donc vous n’entrez pas complètement dans les statistiques, mais aux inscriptions, vous avez toujours (non sans fierté) coché la case "ouvrier" car, comme pour bien des choses, votre chef de famille, il était hors-normes. Votre vieux, il avait, non seulement sa fierté mais aussi de l’ambition, et surtout il ne se sentait pas plus bête qu’un diplômé …
Ce doit être ce qui a fait la différence dans votre éducation et dans votre façon de voir les choses, entendre ce type de discours ça donne de l'aisance et les ailes qui vont avec !
Aujourd'hui, vous le savez, en dehors de votre travail et de votre ténacité, ce diplôme, c’est aussi quelque part, celui de vos vieux sans qui « ça l’aurait jamais fait » !