...des livres qui me tombent sous la main.
J’aime Daniel Pennac, Comme un roman, lu à 16 ans m’a mise par terre : ce mec exprimait tout ce que je ressentais à lire. Il m'avait même piqué mes émotions de jeune lectrice cachée sous la couverture. Grâce à lui, j’ai lu Anna Karénine, Guerre et Paix, Le Parfum … il me manque toujours Gogol ! Un jour…
Grosse lectrice, j’étais boulimique. C’était pas compliqué, je lisais tout ou presque et tout le temps ou presque. A tel point que mes parents n’avaient d’autre choix (enfin c'est ce qu'ils disaient) que de me priver de lecture (sic !). C’était le seul truc qui me punissait vraiment, complètement et totalement. Ils avaient trouvé mon point faible, les vaches ! Contre le zéro en maths, contre les insolences, contre les soupes à la grimace, contre tout : « privée de lecture », pour une durée variable, de la semaine au mois qui était le tarif à payer pour un zéro en algèbre …
Alors, parade : je courais à la bibliothèque durant mes heures de perm’, à la pause du midi, et j’ingurgitais, je m’imprégnais : le plaisir est décuplé lorsqu’il a un goût d’interdit.
Le soir, je me tenais devant mon bureau jusque des heures indues jouant la lycéenne studieuse, faisant ses exos de maths, d’anglais et d’allemand, mais j’avais l’esprit plein de mes héros de la journée… Je pouvais délaisser mes copines « gravement » durant ce mois de punition, je m’en foutais. J’allais à la rencontre de Maupassant, Troyat, Tolstoï, Alexandre Jardin, Sagan ! Oui, j’étais inconstante dans mes choix et le suis encore aujourd’hui !
Donc, j’ai aimé Daniel Pennac et son Comme un roman, mais j’ai souvent envie d’ajouter un onzième droit au lecteur : celui de lire la fin d’un livre à peine commencé.
Je fais « ça », sacrilège pour certains, horreur véritable pour d’autres et incompréhension totale pour la majorité. Je commets toujours (enfin, dans 95% des cas, y compris pour les polars) ce doux crime.
Ca se déroule de la façon suivante : en général, j’ai déjà lu un chapitre et l’air de rien, sans même y penser vraiment, je vais à la dernière page et je lis ce qui s’y trouve, cela peut être une ligne ou un paragraphe. Parfois, je m’arrête à ce petit délit, mais bien souvent, j’avoue, je me « tape » tout le dernier chapitre.
Et là, j’applique quelquefois le 3ème droit imprescriptible du lecteur : le droit de ne pas finir un livre … c’est vrai, le livre me tombe des mains… « qu’il tombe » dixit Daniel ! J’y reviendrai un jour … ou pas, on verra.
Sinon, je poursuis ma lecture tranquille, plus détachée peut être, car je ne suis pas seulement l’intrigue, je suis les méandres de l’esprit de l’auteur. Oui, c’est ça, je suis son esprit tortueux, comment me mène-t-il en bateau ? Qu’est-ce qui fait que je marche dans sa combine ? C'est presque vivre une relation "privilégiée".
J’ai aussi remarqué, (sans pourtant me la péter), que je deviens alors plus attentive au style, à la mise en forme, aux phrases, j’en relis certaines, j’en souligne d’autres.
C’est terrible me diront certains, « fraise avalée n’a plus de goût », mais je crois que cette manie tient à plusieurs choses : un naturel hyper curieux, une volonté de comprendre comment est « construite » l’histoire, une envie de partager un « secret » avec l’auteur, genre : « oui, moi aussi je sais où tu vas, nous sommes deux maintenant ».
On peut ne pas lire uniquement pour l’histoire. On peut lire pour ressentir des émotions qui ne sont pas seulement liées au destin des personnages. On peut lire pour se retrouver aussi.
C’est d’ailleurs pour cela que j’aimais tant relire. (imparfait, car j’ai moins le temps maintenant, et surtout j’ai souvent envie de découvrir de nouvelles choses, l’offre actuelle est importante en volume et en qualité, oui, oui …). Quand je relisais ce n’était pas pour l’histoire, c’était bien pour retrouver des personnages qui sont devenus mes potes, mes intimes, mais aussi des moments, des émotions, des sentiments. J'ai mes passages préférés et je les attend avec impatience. Je m'en délecte.
Au lycée, j’ai lu 4 fois Le Rouge et le Noir, la première fois par plaisir, car une prof de français, tenant de Daniel Pennac, nous avait mis l’eau à la bouche en nous lisant la rencontre entre Julien et Louise. La seconde fois, par obligation à cause d’une autre prof de français, aucun rapport avec Pennac, qui nous l’avait imposé, yerck ! Moins gouleyante cette fois, surtout à cause des commentaires et interro qui en découlaient. Et pourtant, une troisième s’ensuit pour un exposé, une quatrième enfin pour l’oral … (et je suis « tombée » dessus, ouf …) et j’ai cette phrase en tête pour toujours : « la voici cette orgueilleuse à mes pieds ! ». Petite phrase qui recoupait mes amours contrariées d’alors. Ha ! Mathilde et son orgueil.
Durant ma période boulimique, je lisais en musique et aujourd’hui encore certaines notes résonnent de passages de Troyat ou de Maupassant.
En fait, lire la fin permet de voir les personnages différemment et presque de « relire » tout en découvrant. Et quand le bouquin est bon, c'est ouaouh !
J'ai un défaut énorme, je lis vite, trop vite et savoir la fin, m'apaise, me calme et je peux savourer ma lecture. C'est très très égoïste... Je me ralentis, je décompte les pages tristement et j'arrive à ce dernier chapitre que je lis pour la seconde fois, mais avec une autre approche, plus sereine et plus triste en même temps car c'est déjà la fin ...
Grosse lectrice, j’étais boulimique. C’était pas compliqué, je lisais tout ou presque et tout le temps ou presque. A tel point que mes parents n’avaient d’autre choix (enfin c'est ce qu'ils disaient) que de me priver de lecture (sic !). C’était le seul truc qui me punissait vraiment, complètement et totalement. Ils avaient trouvé mon point faible, les vaches ! Contre le zéro en maths, contre les insolences, contre les soupes à la grimace, contre tout : « privée de lecture », pour une durée variable, de la semaine au mois qui était le tarif à payer pour un zéro en algèbre …
Alors, parade : je courais à la bibliothèque durant mes heures de perm’, à la pause du midi, et j’ingurgitais, je m’imprégnais : le plaisir est décuplé lorsqu’il a un goût d’interdit.
Le soir, je me tenais devant mon bureau jusque des heures indues jouant la lycéenne studieuse, faisant ses exos de maths, d’anglais et d’allemand, mais j’avais l’esprit plein de mes héros de la journée… Je pouvais délaisser mes copines « gravement » durant ce mois de punition, je m’en foutais. J’allais à la rencontre de Maupassant, Troyat, Tolstoï, Alexandre Jardin, Sagan ! Oui, j’étais inconstante dans mes choix et le suis encore aujourd’hui !
Donc, j’ai aimé Daniel Pennac et son Comme un roman, mais j’ai souvent envie d’ajouter un onzième droit au lecteur : celui de lire la fin d’un livre à peine commencé.
Je fais « ça », sacrilège pour certains, horreur véritable pour d’autres et incompréhension totale pour la majorité. Je commets toujours (enfin, dans 95% des cas, y compris pour les polars) ce doux crime.
Ca se déroule de la façon suivante : en général, j’ai déjà lu un chapitre et l’air de rien, sans même y penser vraiment, je vais à la dernière page et je lis ce qui s’y trouve, cela peut être une ligne ou un paragraphe. Parfois, je m’arrête à ce petit délit, mais bien souvent, j’avoue, je me « tape » tout le dernier chapitre.
Et là, j’applique quelquefois le 3ème droit imprescriptible du lecteur : le droit de ne pas finir un livre … c’est vrai, le livre me tombe des mains… « qu’il tombe » dixit Daniel ! J’y reviendrai un jour … ou pas, on verra.
Sinon, je poursuis ma lecture tranquille, plus détachée peut être, car je ne suis pas seulement l’intrigue, je suis les méandres de l’esprit de l’auteur. Oui, c’est ça, je suis son esprit tortueux, comment me mène-t-il en bateau ? Qu’est-ce qui fait que je marche dans sa combine ? C'est presque vivre une relation "privilégiée".
J’ai aussi remarqué, (sans pourtant me la péter), que je deviens alors plus attentive au style, à la mise en forme, aux phrases, j’en relis certaines, j’en souligne d’autres.
C’est terrible me diront certains, « fraise avalée n’a plus de goût », mais je crois que cette manie tient à plusieurs choses : un naturel hyper curieux, une volonté de comprendre comment est « construite » l’histoire, une envie de partager un « secret » avec l’auteur, genre : « oui, moi aussi je sais où tu vas, nous sommes deux maintenant ».
On peut ne pas lire uniquement pour l’histoire. On peut lire pour ressentir des émotions qui ne sont pas seulement liées au destin des personnages. On peut lire pour se retrouver aussi.
C’est d’ailleurs pour cela que j’aimais tant relire. (imparfait, car j’ai moins le temps maintenant, et surtout j’ai souvent envie de découvrir de nouvelles choses, l’offre actuelle est importante en volume et en qualité, oui, oui …). Quand je relisais ce n’était pas pour l’histoire, c’était bien pour retrouver des personnages qui sont devenus mes potes, mes intimes, mais aussi des moments, des émotions, des sentiments. J'ai mes passages préférés et je les attend avec impatience. Je m'en délecte.
Au lycée, j’ai lu 4 fois Le Rouge et le Noir, la première fois par plaisir, car une prof de français, tenant de Daniel Pennac, nous avait mis l’eau à la bouche en nous lisant la rencontre entre Julien et Louise. La seconde fois, par obligation à cause d’une autre prof de français, aucun rapport avec Pennac, qui nous l’avait imposé, yerck ! Moins gouleyante cette fois, surtout à cause des commentaires et interro qui en découlaient. Et pourtant, une troisième s’ensuit pour un exposé, une quatrième enfin pour l’oral … (et je suis « tombée » dessus, ouf …) et j’ai cette phrase en tête pour toujours : « la voici cette orgueilleuse à mes pieds ! ». Petite phrase qui recoupait mes amours contrariées d’alors. Ha ! Mathilde et son orgueil.
Durant ma période boulimique, je lisais en musique et aujourd’hui encore certaines notes résonnent de passages de Troyat ou de Maupassant.
En fait, lire la fin permet de voir les personnages différemment et presque de « relire » tout en découvrant. Et quand le bouquin est bon, c'est ouaouh !
J'ai un défaut énorme, je lis vite, trop vite et savoir la fin, m'apaise, me calme et je peux savourer ma lecture. C'est très très égoïste... Je me ralentis, je décompte les pages tristement et j'arrive à ce dernier chapitre que je lis pour la seconde fois, mais avec une autre approche, plus sereine et plus triste en même temps car c'est déjà la fin ...
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